Les raisons de la peur de Yacouba Isaac Zida
Ses partisans ont annoncé, son retour, en fanfare. Le général Yacouba Isaac Zida rentrera au bercail pour son investiture, le 25 septembre 2020, par le mouvement patriotique pour le salut (MPS). Le sujet alimentait les conversations, dans tous les milieux. Aura-t-il le courage de venir ? s’interrogent certains. Yacouba Isaac Zida, celui-là qui a eu le courage de prendre le pouvoir, après la chute de Blaise Compaoré, en octobre 2014, rassure les Burkinabè : « Je serai au congrès d’investiture, le 25 septembre prochain ». (In L’Observateur Paalga, du 18 septembre 2020). C’est un général de division et ancien chef d’Etat qui a parlé. La parole donnée est sacrée pour un officier. Pour nombre de Burkinabè, il n’y a pas de doute, Zida sera là, le 25 septembre 2020.
Malheureusement, le général Yacouba Isaac Zida, a déçu plus d’un. Il a pris peur, et est resté paisiblement au Canada. Il a mouillé. Il est investi, à son absence, par les congressistes.
Pourquoi a-t-il eu peur ?
Le N°2 de l’ex régiment de sécurité présidentielle (RSP) montre à travers son attitude, qu’il n’est pas un homme d’Etat, mais un politicien.
L’homme d’Etat brave tous les dangers, pour défendre les intérêts de son peuple. Il risque sa vie, pour son bonheur. Cette catégorie d’hommes est très rare. Notre pays en a eu. Feu le capitaine Thomas Sankara, Président du Faso, a sacrifié sa vie, au nom de l’intérêt supérieur du peuple Burkinabè. « Osons lutter, savoir vaincre », disait-il. Son combat pour le bien-être des Burkinabè est resté gravé, dans la mémoire de nombreuses personnes.
Le politicien, par contre, se bat pour ses propres intérêts. Il utilise le nom du peuple, pour s’enrichir. Au lieu de travailler pour son bonheur, il l’exploite.
Le président du MPS, Augustin Loada, a entrepris des démarches auprès des plus hautes autorités, notamment, le chef de l’Etat, Rock Marc Christian Kaboré, afin qu’elles facilitent le retour, de Yacouba Isaac Zida. Elles lui auraient fait savoir, que personne n’empêche celui-ci, de revenir dans son pays, et que s’il a des problèmes à résoudre avec la justice, il doit se mettre à sa disposition. En terme clair, au nom de la séparation des pouvoirs, le Président du Faso, ne peut pas s’immiscer dans les affaires judiciaires.
Le général Zida a peur de se retrouver en prison. Dans le cadre de l’insurrection populaire de fin octobre 2014, il est visé par un mandat d’arrêt. Des manifestants sont tombés, sous les balles des éléments de l’ex RSP. Qui a donné l’ordre de tirer sur les manifestants. Il doit fournir des explications sur ces tueries. Aussi, ayant déserté de l’armée, en temps de paix, la justice militaire l’attend de pied ferme.
En plus de la peur de la prison, Yacouba Isaac Zida veut sauver sa vie. Il n’oublie pas qu’il s’est appuyé sur l’ex-RSP, pour arracher le pouvoir, des mains du général Honoré Nabéré Traoré, alors chef d’Etat-major des armées, après le départ de Blaise Compaoré. Dans le cadre du procès du putsch manqué, des accusés n’ont cessé, de répéter à la barre, que c’est grâce à cet ex- corps d’élite, qu’il est devenu président. Après, il a trahi ses anciens frères d’armes. Il a ordonné la dissolution du RSP, et des officiers ont été jetés en prison. Des militaires ne peuvent pas lui pardonner cette trahison. Ils gardent donc une dent bien pointue contre lui. Yacouba Isaac Zida connait leurs méthodes et sait de quoi ils sont capables.
Le général Yacouba Isaac Zida doit savoir une chose. Toute personne qui aspire à conquérir le pouvoir d’Etat, doit se mettre dans la peau d’un homme d’Etat. L’homme d’Etat ne craint ni la prison, ni la mort, quand il s’agit de défendre les intérêts de son peuple.
Nelson Mandela de l’Afrique du Sud, Patrice Lumumba de la République démocratique du Congo, et Thomas Sankara du Burkina Faso sont des exemples.
André Séni