Entretien# Ouédraogo Christophe, PDG de Béthanie S.A: « Notre vision est de former des hommes et des femmes qui craignent Dieu et qui sont utiles à leur nation ».

 Entretien# Ouédraogo Christophe, PDG de Béthanie S.A: « Notre vision est de former des hommes et des femmes qui craignent Dieu et qui sont utiles à leur nation ».

Béthanie est une société anonyme qui gère des établissements scolaires. Nous avons rencontré, le 5 avril 2024, le président directeur général, Ouédraogo Christophe, au lycée privé Béthanie 2, pour mieux la connaître. Il avait à ses côtés, le directeur général adjoint, Michel Ouédraogo et son DAF, Zida Ousmane. Dans cet entretien, ceux-ci parlent de la vision de Béthanie, de l’éducation civique et religieuse enseignée dans ses établissements, du retard de paiement des frais de scolarité des élèves affectés par l’État, des raisons de la baisse de niveau des élèves, etc..


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Libération: Pouvez-vous nous présenter la société Béthanie ?
Béthanie est une société anonyme qui gère des établissements. A ce jour, nous avons Béthanie 1; Béthanie 2; Béthanie 3; Béthanie Banfora et Béthanie Niangologo. C’est 5 sites qui abritent 6 établissements, parce que Béthanie 2 a l’enseignement technique qui est un établissement à part. Béthanie a été fondée par un ensemble de frères et sœurs de l’Eglise qui est actionnaire. Notre vision, c’est de travailler aux côtés de l’État, à l’accomplissement de la politique éducative de la nation d’une part, et d’autre part être le bras de l’Eglise pour propager la bonne nouvelle du Salut en Jésus Christ. Notre vision, c’est de former des hommes et des femmes qui craignent Dieu et qui sont utiles à leur nation.
Pour cela, nous mettons en œuvre le programme de l’État et mettons un programme spécifique qui est l’éducation civique et religieuse. Dès l’ouverture de nos établissements, nous avons cette politique. C’est pour cela, nous faisons partie des établissements de l’association des établissements scolaires et universitaires des évangéliques du Burkina. Nous travaillons avec la fédération des églises et mission évangélique au Burkina (FEME). J’ai eu l’honneur de présider cette structure pendant 6 ans, en tant que 2ème président du conseil d’administration.
Béthanie est gérée par un conseil d’administration de 12 membres.
Question : Parlez-nous de cette matière spécifique qui est l’éducation civique et religieuse. Quelle est son importance ?
Avant, on avait la morale depuis l’école primaire. L’État même avait une matière appelée l’éducation civique qu’on avait prévue d’introduire dans les établissements secondaires. Mais, pour des raisons diverses, cette matière n’est pas enseignée dans les établissements publics, n’en parlons pas des privés.
Mais nous, comme notre vision est de travailler aux côtés de l’État, en appliquant son programme et d’autre part, de travailler en tant que chrétien aux côtés de l’Eglise pour propager la bonne nouvelle, nous avons opté de mettre l’éducation civique et religieuse, pour enseigner aux enfants, la crainte de Dieu, le respect de la personne âgée, le respect de la chose publique, et les bonnes manières. On enseigne par exemple, le code de la route, les questions communales. Pour nous, l’homme est complet. Il est corps, âme et esprit. Il faut que ces 3 aspects de l’homme soient équilibrés.
Nous pensons que l’éducation civique et religieuse prépare les gens à être des citoyens dont l’État sera fier et les parents seront fiers.
Et cette matière est coefficient 2.
Des parents nous disent que leurs enfants ont changé.
Question: Pourquoi avez-vous créé un établissement technique ?
C’est pour accompagner l’État dans le développement de ce type d’enseignement. Mais, il est très cher pour le privé. Notre ambition, c’était de faire l’enseignement technique industrielle et l’informatique, le BAC H. Mais, nos moyens sont limités.
Question : Les coûts ne sont-ils pas un handicap pour les élèves ?
Économiquement, c’est difficile. Nous n’avons pas assez d’élèves. L’enseignement technique commerciale, nous avons la 2nd AB3, la 1ère G2 et Tle G2. C’est relativement cher pour certains parents, parce que c’est au delà de 120 000 FCFA. Ce qui fait que les effectifs sont moyens.
Pour respecter notre parole donnée, nous continuons. Si l’État a cru en nous, et nous a permis d’ouvrir une classe, nous devons la continuer.
Question : Accueillez-vous des élèves déplacés internes ?
A l’instar des autres établissements, nous recevons des élèves déplacés internes. Notre structure a initié un recensement de ces élèves que nous avons dans nos établissements. Et quand je dis notre structure, je veux parler de l’association des établissements scolaires et universitaires des évangéliques. Nous recevons aussi des cas sociaux, parce que notre vision est aussi sociale.
Question : Des établissements privés rencontrent des difficultés financières du fait des retards de la subvention de l’État. Qu’en dites-vous ?
Merci de nous permettre de parler de ce sujet qui est un peu délicat. Vue la situation qui prévaut dans le pays, nous essayons de comprendre.
Mais, je voudrais rectifier, en disant que nous ne recevons pas de subventions de l’État. L’État affecte des élèves chez nous et paie une partie de la scolarité. Et les parents d’élèves paient le complément. Donc, ce n’est pas de subventions. Dans l’esprit du commun des mortels, ce sont des subventions. Ce qui n’est pas le cas. C’est l’État qui doit payer la scolarité des élèves admis en 6 ème et en 2nd. Il doit se comporter comme un parent d’élève. Je compte sur vos médias, pour rectifier la donne, parce que ce n’est pas une subvention.
Actuellement chez nous, il y a une partie qui date de 2022-2023 qui n’a pas été payée. Sans compter les factures de 2023-2024. En ce moment, nous sommes obligés de majorer, parce que l’État ne paie pas à temps. Et si on prend des prêts en banque, il faut forcément payer les asios. C’est là que nous demandons la compréhension des partenaires, les enseignants.
Le développement d’une nation dépend de la qualité de ses ressources humaines.
Dans certains établissements, nous sommes à 70% des élèves affectés par l’État.
La plus grande poche de dépenses est les salaires des enseignants. Et depuis février 2024, nous avons des difficultés, parce que les banques aussi sont devenues méfiantes.
Question : Qu’est-ce qui explique aujourd’hui, la baisse de niveau des élèves ?
Les raisons sont multiples. La principale raison est liée au niveau des enseignants. Ce n’est pas une accusation, mais c’est pour décrire une réalité. Les enseignants actuels ont un niveau qui n’est pas assez élevé. Ils ne sont pas comparables à ceux d’avant.
Si déjà, l’enseignant a un faible niveau, cela se répercute sur les élèves.
L’autre problème, c’est au niveau des écoles de formation pédagogique.
Les programmes conçus pour ces écoles pédagogiques ne correspondent pas aux besoins des élèves, même après l’école.
Il y a des curriculas qu’il va falloir adapter.
L’État a voulu introduire l’éducation civique pour amener les élèves à être disciplinés. Malheureusement, tous les enseignants n’ont pas été formés pour cela.
Il faut dire qu’il y a des enseignants qui ont des difficultés pour lier la pratique à la théorie. Il faut donc insérer cette partie de la pratique pour leur permettre de faire passer les messages.
En plus de cela, il y a le phénomène des TIC. Certains parents donnent de gros portables à leurs enfants. Les élèves font des SMS en coupant des mots. Du coup, le français qui est une matière transversale pour comprendre les autres matières, est escamoté. Les TIC détournent les enfants de l’essentiel.
Question : Avez-vous un appel à lancer?
L’appel que j’ai à lancer, c’est que les autorités veillent à nous accompagner, en ce qui concerne la trésorerie. C’est un contrat que nous avons signé. Que chacun respecte sa part de contrat. Il y a aussi, certains de nos membres qui ne déposent pas à temps leurs factures.
Du côté de l’éducation en général, chacun doit jouer sa partition.


Propos recueillis par Hamed Zerbo

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