Niamba Yssoufou : « Le problème foncier est une véritable bombe à retardement dans notre pays »
Niamba Yssoufou alias « la fouine », est un acteur de la société civile, connu des Burkinabè. Aujourd’hui, il réside au Maroc dans le cadre professionnel. De passage à Bobo-Dioulasso, il a bien voulu nous accorder un entretien, dans lequel il parle des problèmes fonciers, dans la commune du même nom, et des démarches entreprises, auprès des plus hautes autorités, par la cellule de veille pour le droit au logement (CVDL) dont il est l’un des responsables, pour trouver des solutions.
Libération : Récemment vous avez tenu, à l’arrondissement N° 7, une assemblée générale sur les questions de lotissements à Bobo-Dioulasso. Peut-on en savoir davantage ?
Niamba Yssoufou : En réalité, l’assemblée générale n’a pas été tenue, à l’arrondissement N°7, comme certains le disent. Quand nous avons tenu la rencontre, l’opinion a tout de suite fait le lien, avec le problème du maire de l’arrondissement N° 7, Hermann Sirima. Elle a été tenue au jardin de SITARAIL, et elle rentre dans le cadre des activités de la cellule de veille pour le droit au logement (CVDL), une structure qui existe depuis 3 ans, à Bobo-Dioulasso. Aujourd’hui, dans notre pays, la question du foncier est devenue très criarde. Nous avons organisé des jeunes, en associations qui sont allés vers les populations, des zones non loties de la commune, pour comprendre les problèmes liés aux lotissements. Le but de la CVDL est de travailler à fournir des informations, aux autorités afin qu’elles puissent résoudre les problèmes de lotissements.
Nous avons rencontré le directeur régional de l’urbanisme, qui a demandé une audience avec le ministre Maurice Bonané. A l’issue des échanges, les leaders des différentes organisations, ont été pris en compte, dans les commissions ad ’hoc qui avaient été mises en place. Ce qui a donné plus de légitimité à ces commissions. Avec l’arrivée de Me Bénéwendé Sankara à la tête du ministère, c’est une nouvelle politique qui est en marche. La CVLD a pris l’initiative de le rencontrer. Le ministre Bénéwendé l’a reçue et lui a demandé de continuer à travailler dans les zones non loties, pour recenser les problèmes liés au foncier. Quand il viendra à Bobo-Dioulasso, les résultats nos travaux lui permettront d’apporter des solutions aux problèmes. Nous avons réuni les responsables des différentes organisations, pour leur faire le compte rendu de la rencontre avec le ministre.
Libération : Quels sont les vrais problèmes recensés, dans les secteurs ?
Niamba Yssoufou : Nous avons catégorisé les problèmes en 4 groupes. Il y a les résidents non attributaires ; les résidents attributaires qui ne sont pas concernés par notre lutte ; les non-résidents attributaires et les non-résidents non attributaires. Cette dernière catégorie concerne les zones où il n’y a jamais eu de recensements. Par contre, dans certaines zones, les résidents ont été recensés, mais n’ont pas été attributaires. Nous avons en notre possession, des listes où des attributaires ont pour profession, élève. Soyons sérieux, comment ces élèves ont pu avoir les moyens, pour être attributaires de parcelles. En réalité, ce sont des prête-noms. Il est important pour nous, d’informer l’opinion de l’existence de la cellule depuis longtemps.
Libération : La cellule regroupe environ combien d’organisations ?
Niamba Yssoufou : Aujourd’hui, nous avons une trentaine d’organisations. Il y a la Ligue des Jeunes, le Mouvement en rouge, Y en a marre, des associations comme Dougouguéra, Djamen etc….
Libération : Etes-vous d’avis avec ceux qui disent que le problème foncier est une bombe ?
Niamba Yssoufou : C’est une véritable bombe. Le gouvernement a sans doute pris la mesure de la situation, en changeant de ministre. Pour nous, cela est un nouveau souffle d’espoirs, au niveau des populations. Ensuite, notre justice est en train de faire un travail formidable dans la gestion des dossiers liés au foncier. Déférer un maire à la maison d’arrêt et de correction de Bobo (MACB), pour moi, cela a des vertus pédagogiques pour les éventuels responsables municipaux qui se retrouveraient dans des situations similaires. Le problème foncier est une bombe à retardement à partir du moment où notre crainte a été à un moment, élevée, puisque la crise nous conduisait vers un conflit ethnique. Et cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de voies de sortie.
Propos recueillis par Hamed Zerbo