Gilbert Diendéré annonce à Blaise Compaoré

 Gilbert Diendéré annonce à Blaise Compaoré

« Opération terminée, le PF est mort »

Pourquoi a-t-il été tué ? Par qui ? Et comment ? Parce qu’il voulait rassembler en un vaste front, les différents mouvements révolutionnaires et créer une force spéciale d’intervention attachée à sa personne ; Thomas SANKARA a été assassiné. Avec préméditation. De sang-froid. Jeune Afrique avait promis de faire la lumière sur  sa fin tragique : voici comment il a vécu ses dernières heures, tandis que ses ennemis exécutaient leur plan. Dès le début, les ordres étaient clairs : « il faut le neutraliser à tout prix.  –  Et s’il résiste ? … Anéantissez-le ».

C’est le 17 mai 1987 que Thomas SANKARA a signé son arrêt de mort. Ce mercredi-là,  il a réuni tous les dirigeants des organisations participant au Conseil national de la Révolution (CNR) : l’ULC (Union des luttes communistes), l’ULC-R (Union des luttes communistes reconstruites), l’UCB (Union communiste burkinabè), le GCB (Groupe communiste burkinabè) et l’OMR (Organisation militaire révolutionnaire). L’idée, du président, est alors d’amener ces groupes, à la fois partenaires et rivaux, vers l’unité. Bien que les chefs de tendances craignent la création d’un parti unique, ils acceptent de signer une déclaration de principe, sur la nécessité (révolutionnaire) de s’unir, y compris par l’autodissolution éventuelle des groupes.

Il y a pourtant, déjà des divergences : l’ULC-R demande la réintégration de la Lipard, le groupe marxiste le plus ancien- au sein du CNR et, par-delà, au sein du front marxiste-léniniste qui serait à créer. L’UCB,au contraire, se déclare hostile à tout élargissement de l’actuel CNR et propose une sélection très sévère, des groupes qui doivent y être maintenus. La tentative d’union commence donc, par une nouvelle guerre de chapelles, voire par un ostracisme renforcé. Mais, Thomas SANKARA croit toujours que lorsqu’une cause est juste, tout le monde finit par y adhérer.

En juin 1987, le capitaine Blaise Compaoré, numéro deux du régime, est en voyage à l’extérieur, pour trois semaines, dont deux en chine. Il est accompagné du capitaine Pierre Ouédraogo, secrétaire général des CDR (Comité de défense de la Révolution). Au cours de leur périple, les deux hommes ont tout le loisir de discuter de « la nouvelle lubie » du PF (président du Faso). Tous deux, promoteurs et protecteurs de l’UCB, n’appréhendent que « l’union par l’élargissement » voulue par SANKARA n’aboutisse à noyer les groupes marxistes les plus durs : le président est tenté de proposer non seulement à la Lipard mais aussi à l’UNAB (Union nationale des anciens du Burkina), à l’UNPB (Union nationale des paysans du Burkina) et même au Mouvement pionnier ‘qui regroupe des enfants jusqu’à l’adolescence, de participer au vaste front qu’il préconise. Il n’a d’ailleurs pas avoué son idée secrète : il se sent prisonnier, d’un CNR trop fermé et l’intégration de nouveaux groupes, même non politiques et surtout pas marxistes, pourrait banaliser les groupuscules rivaux membres du Conseil. A son retour Ouagadougou, dans la première semaine de juillet, Blaise Compaoré confie à SANKARA ses inquiétudes et, surtout, le prévient du danger que présenterait un parti unique. Le président cède et reconnaît qu’un parti monolithique serait contraire à sa propre idée de la Révolution et de la démocratie.

C’est ainsi que, le 3 août 1987, lors d’un « direct avec le peuple » à la télévision, il rectifie sa position : « une unité ne se décrète pas, elle s’assume comme une démarche volontaire, une démarche militante. » Mais, les divergences de tendances provoquent déjà des affrontements sur le terrain. A l’Université, à l’ASECNA, des militants de l’ULC-R et de l’UCB en viennent presqu’aux mains. Encore optimisme, SANKARA se contente de banaliser les incidents : « Il faut simplement voir ces luttes, ces affrontements, comme étant la volonté de résoudre les contractions. » Hors du Burkina, on considère aussi ces incidents comme des querelles coutumières entre groupuscules marxistes.

Une autre tradition, propre au Burkina, celle-ci va cependant envenimer le climat politique. Se cachant dernière des dénominations fantaisistes (Association de camarades honnêtes ou Association des démocrates unis, etc.), les groupes rivaux se lancent dans une guerre de tracts, dont Ouagadougou a le secret. Rien n’est épargné à personne. Même les protecteurs, supposés des frères ennemis, ont droit aux diffamations les plus ignobles. SANKARA, Compaoré, Lingani et ZONZO deviennent, à tour de rôle, des cibles privilégiées. Accusés de corruption, de népotisme, de détournements de fonds ou d’obsession sexuelle. Malgré l’outrance et la grossièreté des tracts, les quatre chefs historiques de la révolution burkinabè en arrivent à se soupçonner, les uns les autres.

Le 3 septembre 1987, un tract, particulièrement ordurier à l’encontre de SANKARA et son épouse, est discuté lors d’une réunion de l’Organisation militaire révolutionnaire (OMR). Réunion houleuse au cours de laquelle de jeunes officiers proclament : « Quiconque s’attaque au président du CNR s’attaque à la révolution. » Et d’accuser indirectement « Blaise Compaoré et autres » d’être à origine du tract. C’est l’époque où les fidèles de SANKARA commencent à craindre une tentative de putsch du capitaine Blaise (voir J.A. n°1 400 du 4 novembre 1987). Ce dernier, en minorité au sein de l’OMR, demeure militairement l’homme fort : les commandos de Pô, dont il est le seul patron depuis 1981, lui vouent une fidélité absolue.SANKARA ne croit pas qu’un coup d’Etat réussirait contre lui. Ses amis, non plus, qui estiment en revanche qu’un attentat n’est pas exclure. Ils soumettent au président un projet de parade : mettre sur pied une force d’intervention qui relèverait non de l’armée, mais du ministère de l’Administration du territoire et de la Sécurité et qui s’appellerait Fimats. Le ministre est précisément Nongma Ernest Ouédraogo, ami d’enfance et frère adoptif de SANKARA. Pour entraîner et diriger cette force dont les deux cent hommes seront triés sur le volet, on fera appel à celui qui n’a de dieu que SANKARA : Vincent Askia Sigué, un baroudeur, au passé trouble dont le seul savoir consiste à se battre ou à tuer.

Sigué n’est pas militaire, mais, pour commander la force d’intervention, il faut lui attribuer un grade. Celui de sous-lieutenant, préconise SANKARA. Une erreur. Dans l’armée, il l’a oublié, on ne badine pas avec les grades, et surtout, le commandant Jean-Baptiste LINGANI, chef des forces armées, et le capitaine Blaise Compaoré ne veulent pas faire un tel cadeau à un Sigué que tous craignent et que beaucoup détestent.

SANKARA a tout de même compris, que l’opposition de ses compagnons à la mise sur pied de la force et à la nomination de Sigué à sa tête, cache une autre crainte : le PF disposerait désormais non seulement d’une protection « blindée » mais aussi d’une redoutable force de frappe. L’hostilité a remplacé la méfiance autour des deux seuls sujets de discorde : l’élargissement du CNR en un vaste front dont les 120 membres seraient élus parmi toutes les organisations, la création de la Fimats.

Le 1er octobre à 2 h 30, les quatre chefs historiques sont réunis, à la Présidence du Faso. Comme d’habitude, le capitaine Henri ZONGO essaie de concilier les positions. En vain. Le lendemain 2 octobre, à Tenkodogo, Thomas SANKARA et Blaise Compaoré président la célébration du quatrième anniversaire du « Discours d’orientation politique. » Plusieurs personnes prennent la parole dont un étudiant, Jonas SOME, sympathisant de l’UCB et protégé de Blaise Compaoré. La déclaration  préparée, par l’étudiant a reçu l’aval du secrétaire général national adjoint du CDR, le lieutenant Hien Klimité. Lui-même membre de l’UCB. Jonas SOME attaque sur le thème de l’unité prônée par SANKARA : »L’unité, la tolérance, etc. avec qui et pourquoi faire ? » Et d’enchaîner « L’unité dans la Révolution démocratique et populaire doit se faire avec les révolutionnaires conséquents  et leurs amis pour faire des bonds en avant et non pour reculer. »SANKARA, furieux de cette résurgence publique de l’ostracisme, prend le dernier, la parole et répond à l’étudiant à travers lui, à l’UCB et Compaoré. « L’objectif de la révolution n’est pas de disperser les Révolutionnaires. L’objectif de la révolution est de consolider nos rangs Nous sommes huit millions de Burkinabè, nous devrons avoir huit millions de révolutionnaires. » Et il précise : « Il ne faut pas dire que tel groupe est bon et que tel est mauvais. Il nous faut un front large de rassemblement des composantes du peuple. Il faut gagner même les réactionnaires. Il faut aller à eux, les amener à travailler pour la Révolution démocrate et populaire. »

Le 7 octobre à Ouagadougou, le Conseil des ministres est présidé par Blaise Compaoré. Thomas SANKARA finit par arriver et revient sur « l’incident » public de Tenkodogo. Il y a vu une manœuvre de quelques « commandos sectaires. » Le lendemain, 8 octobre, les quatre chefs historiques sont à nouveau en conclave.

Ils parlent toujours des deux sujets de discorde : l’élargissement du CDR et la création de la Fimats. Cette fois, SANKARA est seul contre trois. Il quitte la réunion, traitant ses amis de sectaires et d’ambitieux. Le 4 octobre, le Conseil des ministres adopte, en absence de Blaise Compaoré parti à Pô, au milieu de ses para-commandos, le nouvel organigramme du ministère de l’Administration territoriale et de la Sécurité. Ainsi sera créée la Fimats. Les deux cents hommes de cette force sont, en vérité déjà en formation au camp de Loumbila, à la sortie de Ouagadougou. Il reste à les équiper. Dans la journée de ce même mercredi 14 octobre, du matériel militaire commence à être transféré du camp de la gendarmerie et de celui d’Amboisien vers Loumbila. Quand le soir, Blaise Compaoré rentre à Ouagadougou, il décide d’agir. Ce sera demain ou jamais. Il a déjà donné ses instructions à  ses commandos de Pô.

Ce matin du 15 octobre 1987, Thomas SANKARA s’est levé tôt comme d’habitude. D’ailleurs, il a peu dormi. Jusqu’à 3h du matin, il a écrit. A 7h, il est déjà au téléphone. Séance de gymnastique. Pas de petit déjeuner. Douche.

Vers 10 h, le président du Faso appelle un de ses amis étrangers, alors en Afrique centrale. Puis un autre l’appelle d’Europe. Aux deux, il ne parle que d’un seul sujet : « Un article paru dans tel journal publié, à Dakar est d’une malveillance évidente. C’est un tissu de mensonge. On m’accuse d’avoir fait exterminer  des gens, comme Sékou Touré et même d’avoir exécuté des colonels qui n’ont jamais existé. Ça sent le coup monté. Comment répondre ? Mais, il est quand même très énervé, se disant que l’article en question paraît au pire moment : à Ouagadougou, lui comme ses compagnons d’armes sont depuis plusieurs semaines, l’objet de tracts orduriers et l’article lui donne l’impression de vouloir préparer l’opinion publique africaine à il ne sait trop quoi. Pour se relaxer, il va faire des pompes « sur son balcon. C’est là, que le surprend un de ses conseillers, qui lui demande s’il cherche à se détendre parce qu’il y a des tensions entre ses camarades et lui. Sankara a alors cette phrase : « Les tragédies des peuples révèlent les grands hommes, mais, ce sont des médiocres qui provoquent ces tragédies. »

 Et il remet à lire, le rapport de synthèse qu’on lui préparé sur le « Code de conduite révolutionnaire  » qu’il a l’intention de proposer ce soir, à 20 h à ses trois compagnons de la direction du Conseil national de la Révolution (CNR) : Blaise Compaoré, Jean-Baptiste  Boukary Lingani et Henri Zongo. Ce code se base sur l’acceptation, signée le 27 mai 1987, par tous les groupes membres du CNR, de s’auto-dissoudre dans un front qui replacerait la CNR.

A 12h, il reçoit Jonas Somé, cet étudiant qui, le 2 octobre dernier à Tenkodogo, lui a porté publiquement la contradiction en se prononçant contre l’élargissement du CNR et pour un nouveau sectarisme. Le PF lui répète ce qu’il avait dit ce jour-là : « Chaque fois que nous nous enfermons dans l’idée que seul un groupe est valable et que tout le reste n’est que lamentations, c’est là que nous nous retrouvons isolés. C’est là que nous compromettons la Révolution. » Jonas Somé, protégé de Blaise Compaoré, s’explique jusqu’à 14h avec le président. Lequel lui dit à la fin de l’entretien : « je considère que l’incident est clos. Tu peux le dire à Blaise. » Et il rentre chez lui.

Mariam Sankara a déjà fini de manger. Le président se met à table et demande à sa femme de lui lire un rapport qu’il n’a pas eu le temps, de parcourir jusqu’au bout. Vers 15h, Mariam étant partie au travail, Sankara fait sa sieste. Peu avant 16h, Mariam téléphone. On lui dit que le président est réveillé, mais qu’il est sous la douche. Elle attend, puis le président, ayant enfilé son survêtement de sport, bavarde quelques minutes au téléphone avec elle.

Entre-temps, des commandos venus de Pô ont relevé, comme tous les quinze jours, ceux des leurs qui, depuis le 1er octobre, assuraient la garde du Conseil de l’Entente, siège officiel du CNR et du gouvernement. Ça ressemble à une relève normale. A cette nuance près, que les nouveaux arrivants, commandés par le lieutenant Gilbert Diendéré, adjoint du capitaine Blaise Compaoré en tant que commandant du Centre des para-commandos de Pô, ont cette fois, une mission historique : « Neutraliser à tout prix le PF. » Certains d’entre eux avaient osé une question : « Et s’il résiste ? » Réponse : « Anéantissez-le. » Aucun officier ne reconnaît aujourd’hui avoir donné cet ordre. Mais, le terme est propre aux commandos. Et Blaise Compaoré lui-même l’employait quand, à propos de l’exécution de putschistes condamnés à mort en juin 1984, il disait : « Ils voulaient nous tuer. Nous les avons anéantis. » Anéantis veut dire abattre, donc tuer. Ces hommes sont des fidèles de Blaise Compaoré jusqu’à la mort. C’est lui qui les a formés. Ils n’ont rien à avoir avec Thomas Sankara qui a quitté le commandement du Centre de Pô, en février 1981. Pour l’heure, ils ont reçu un ordre : anéantir, s’il le faut Thomas Sankara. Ils ordonnent aux civils qui travaillent au Conseil de l’entente de quitter les lieux.

A la résidence présidentielle, Thomas Sankara reçoit un appel téléphonique : on l’attend pour la réunion qu’il avait convoquée, à 16h au Conseil de l’entente. Ses conseillers sont déjà sur place : Paulin Bamouni, Patrice Zagré, Fréderic Tiemdé, Harouna Traoré. Le PF confirme à celui qui le rappelle ainsi à l’ordre :  »  j’arrive tout de suite. » Quelqu’un, la même personne, selon certains témoignages-prévient alors Blaise Compaoré par téléphone. Le PF quitte la résidence. Il arrive au Conseil. Il est 16h10.

Blaise qui n’est pas au lit, contrairement à ce qu’il dira quitte son domicile, prend lui-même le volant et sa Peugeot 504, traverse en trombe les « Champs Elysées  » (le boulevard de la Révolution), passe devant l’ambassade de France et disparaît. Trois minutes après, il fait le chemin inverse, cette fois, encadré par des commandos armés jusqu’aux dents et se dirige à toute vitesse vers l’aéroport de Ouagadougou. Ses hommes l’attendent dans une villa de la Socogib (une société immobilière), face au salon d’honneur présidentiel de l’aérogare. Il s’y embusque, talkie-walkie dans une main, Kalachnikov dans l’autre. Sur la piste de l’aéroport, un avion attend, prêt à décoller au cas où il en aurait besoin.

Au même moment, le président Thomas Sankara, ayant quitté sa résidence et après avoir contourné par l’arrière le palais d’Etat (la présidence du Faso) arrive au Conseil de l’Entente. Il est assis à droite du chauffeur dans sa Peugeot 504 noire, dans laquelle ont également pris place, deux de ses gardes du corps. Dans une Renault 5- noire également – trois autres gardes (plus le chauffeur) ont suivi. Les deux voitures se garent, à 16h15, devant le pavillon « Haute-Volta » du Conseil de l’Entente. Thomas Sankara met pied à terre, s’engouffre, accueilli par ses conseillers et suivi de ses gardes dans la pavillon.

Certains de ses compagnons terminent de fumer une cigarette devant l’entrée, quand Sankara leur dit de l’intérieur. « Dépêchez-vous ! Il faut commencer. » Il est 16h20 quand des coups de feu éclatent à l’extérieur. » Qu’est-ce que c’est ? « Interroge le président qui se lève et entend une voix lui ordonner : « Sortez de là ! Sortez les mains en l’air ». Sankara laisse échapper un soupir, dit à ses compagnons : « Restez, restez ! C’est moi  qu’ils veulent ».  Et il sort, les en l’air pour voir les assaillants. Son chauffeur et un de ses gardes restés à l’extérieur, ont déjà été tués, par les premières rafales. A peine est-il sur le perron du pavillon, qu’il est abattu de deux balles dans la tête et de dix autres dans le buste. Ses compagnons sont également abattus. Mais, contrairement à ce que nous avions cru comprendre, aucune grenade n’a été utilisée.

Treize cadavres gisent sur la maigre pelouse du Conseil de l’Entente. Des compagnons du PF, il reste deux survivants, deux de ses gardes qui ne l’avaient pas suivi dans le pavillon : Bossobé Traoré blessé et Zourma Ouédraogo dit Otis, indemne. Un troisième a fait le mort, Halouna Traoré.

En entendant le bruit des tirs, depuis le siège du Conseil burkinabè des chargeurs où elle travaille, Mariam téléphone au Conseil de l’Entente pour demander ce qui se passe. Le standardiste lui répond : « je ne sais pas du tout. Je suis à l’intérieur et je ne vois rien de ce qui passe à l’extérieur ». Par le téléphone, Mariam entend encore mieux les rafales. Elle ne sait pas encore qu’elle est veuve. Elle dément aujourd’hui avoir jamais téléphoné à Blaise à ce moment-là : « Je voulais parler à mon mari, avoir de ses nouvelles ! Pourquoi aurai-je téléphoné à Blaise et non à mon mari ? ».

 Blaise Compaoré, lui toujours en alerte près de l’aéroport sait déjà. Par talkie-walkie, le lieutenant Diendéré lui a annoncé : « Opération terminée.  » .Blaise insiste pour avoir les détails et s’entend confirmer : le PF est mort. Tous ses compagnons aussi ». Il est 16h30. Blaise Compaoré s’effondre et s’isole dans une pièce de la villa. Comme quelqu’un qui ayant assassiné un être cher, refuse à posteriori d’admettre son acte.

17h. Mariam Sankara sort de son bureau et bavarde dans la rue avec une amie. Elles sont en train de plaisanter quand une voiture banalisée de la gendarmerie freine devant elle. Le chauffeur lui dit d’embarquer tout suite, sans pouvoir lui expliquer pourquoi. Voyant que ses deux enfants Philippe et Auguste sont déjà dans la voiture, ne cherchant plus à comprendre, elle embarque. Elle passera sa première nuit de veuve chez son frère.

18h. Ayant  quelque peu récupéré, le capitaine Blaise Compaoré arrive enfin au Conseil de l’Entente. Depuis une heure et demie, les corps de Thomas Sankara et de douze compagnons sont à terre. Personne n’a voulu, ou osé y toucher. Compaoré ordonne de les enlever et de les enterrer.

18h30. Radio Ouagadougou annonce le renversement de Thomas Sankara, la dissolution du CNR et la création du Front populaire, Président : le capitaine Blaise Compaoré.

Source JAM, N°436

Décembre 1987

In L’Etalon Enchainé N°004

N.B : Le titre est de la rédaction

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