Crime politique
Affaire Norbert Zongo
Le peuple ne veut que la vérité et la justice
13 décembre 1998- 13 décembre 2020. Cela fait 22 ans, que Norbert Zongo, journaliste d’investigation, et directeur de publication du journal L’Indépendant, a été assassiné, sur la route de Sapouy. Il enquêtait, rappelons-le, sur la mort de David Ouédraogo, chauffeur de François Compaoré. Ses écrits dérangeaient la famille présidentielle. Après avoir reçu des menaces de mort, Norbert Zongo est assassiné et brûlé, ce jour 13 décembre 1998. François Compaoré, le frère cadet de Blaise Compaoré, le chef d’Etat d’alors, est soupçonné d’être le commanditaire de ce crime odieux. Blaise Compaoré et ses partisans mettent tout en œuvre, pour le couvrir. Malgré la forte pression du peuple qui exigeait et exige toujours, la lumière sur cet assassinat, François Compaoré, le présumé commanditaire n’a pas été inquiété par la justice. Celle-ci l’a même protégé, jusqu’à l’insurrection populaire, des 30 et 31 octobre 2014, qui a emporté le régime de Blaise Compaoré. L’un des acteurs, à savoir le procureur Adama Sagnon, nommé ministre de la Culture, dans le gouvernement de la Transition, a été contraint de démissionner, sous la pression des Burkinabè épris de justice ayant toujours en mémoire, le rôle qu’il a joué dans le dossier du journaliste assassiné. Les évènements historiques, de fin octobre 2014, ont permis de ressortir ledit dossier, des tiroirs de la justice. Des documents, en lien avec la mort de Norbert Zongo, ont été retrouvés, chez François Compaoré après sa fuite. Les Burkinabè attendent impatiemment son extradition, pour connaitre la vérité sur l’assassinat du journaliste. Les présumés auteurs du crime, au nombre de 6, tous membre de l’ex régiment de la sécurité présidentielle (RSP) avaient été identifiés, par la commission d’enquête indépendante (CEI). Trois ont passé l’arme à gauche et les trois autres sont mis aux arrêts. Ces derniers ont pour noms : Yaro Banagoulo, Kombasséré Christophe et Nacoulma Wampasba.
Le dossier Norbert Zongo sacrifié sur l’autel des intérêts politiques ?
Le dossier Norbert Zongo connaitra-t-il un dénouement judiciaire digne de ce nom ? se demandent de nombreuses personnes, depuis la sortie médiatique, le 5 décembre 2020, du procureur du Faso, près le Tribunal de grande instance (TGI) de Ouagadougou, Harouna Yoda. Elles craignent une manipulation de la justice, par des hommes politiques, pour aboutir à un jugement « mouta mouta ». En témoignent, les propos du Me Prosper Farama, l’un des avocats de la famille de feu Norbert Zongo. « Des craintes existent sur le dossier. Il s’agit du retour de Blaise Compaoré au Burkina Faso ; la question de la sincérité du régime en place dont certaines personnalités ont joué des rôles non négligeables, au temps des manifestations, pour exiger la vérité et la justice pour Norbert et ses compagnons ; l’hypothèse de voir le dossier sacrifié, sur l’autel des arrangements politiques et de la réconciliation etc… ».
C’est dire que, outre François Compaoré, des proches du président Roch Marc Christian Kaboré, n’ont pas intérêt, à ce que le dossier du journaliste tué et brûlé, soit jugé dans les règles de l’art. Ils mettront tout en œuvre pour empêcher la justice de dire le droit. Mais, le peuple ne l’acceptera pas. La lutte qu’il a engagée, depuis le 13 décembre 1998, ne sera pas inutile. Il faut absolument la lumière sur ce crime de sang, et les coupables doivent être punis à la hauteur de leur forfait. L’impunité est source de l’instabilité. Le peuple ne reculera pas et ne baissera pas les bras, au nom de la paix. Certes, les Burkinabè veulent aller à la réconciliation. C’est une nécessité. Mais, avant la réconciliation, il faut impérativement la vérité, la justice sur les dossiers pendants.
Le thème du 22ème anniversaire de l’assassinat de Norbert Zongo est : « Face aux tergiversations et obstacles dressés par les régimes successifs sur les dossiers pendants, poursuivons avec détermination, la lutte pour la vérité et la justice pour Norbert Zongo et ses compagnons et toutes les victimes de sang ».
Le peuple doit s’armer de courage, pour refuser tout arrangement politique, et exiger la justice pour Norbert Zongo.
André Séni