Entretien Mahamoudou Ouédraogo, PDG de la rizerie NEBNOOMA : « Nos produits sont de très bonne qualité »
Mahamoudou Ouédraogo, PDG de la rizerie NEBNOOMA une unité de transformation de riz national, a bien voulu nous accorder un entretien dans lequel il parle des produits de son entreprise, de la politique du « Consommons local » et fait des propositions pour la promotion de la filière riz au Burkina.
Libération : Dans quelles conditions, le riz AMIR, la marque de votre riz, est produit ?
Mahamoudou Ouédraogo : La rizerie NEBNOOMA a un plan de travail qui est l’agriculture contractuelle. C’est une activité que nous menons, avec nos producteurs. Nous signons des contrats d’achat avec eux, et leur facilitons le préfinancement. Il y a des institutions financières, comme la Caisse populaire qui nous appuient, pour le préfinancement des semences et des intrants. Après la production, il y a la phase de collecte de riz, notre matière première.
Libération : Qui sont les fournisseurs de semences aux producteurs ?
M.O : Au Burkina Faso, la recherche a développé beaucoup de variétés de riz. Mais, au niveau de la rizerie NEBNOOMA, nous sommes focalisés, sur deux variétés. Il y a la variété ORYLIX 6 appelée riz parfumé et la variété TS2. Nous faisons aussi le riz étuvé, mais en petite quantité.
Il y a des semenciers dans les provinces, les régions, avec qui nous travaillons. Nous demandons à nos producteurs d’acheter les semences avec eux.
Libération : Qui sont vos consommateurs ?
M.O : La majeure partie de la population consomme nos produits. C’est vrai qu’il y a les marchés institutionnels, mais, au niveau de la rizerie NEBNOOMA, nous nous sommes focalisés sur la vente directe. Nous avons des grossistes et des détaillants qui font la vente directe avec les consommateurs.
Libération : Peut-on connaitre les localités où sont vendus vos produits ?
M.O : On peut trouver nos produits dans cinq (5) régions, à savoir, les Cascades, la Boucle du Mouhoun, les Hauts-Bassins, le Centre et le Centre-ouest.
Libération : Uniquement dans les centres urbains ou aussi dans les campagnes…
M.O : On en trouve également dans les campagnes, puisque ce sont les grossistes qui acheminent nos produits dans ces localités. Par exemple, la semaine dernière, une connaissance m’a appelé pour me faire savoir qu’elle a vu le riz AMIR à Gaoua.
Libération : Quelle appréciation les consommateurs font de vos produits ?
M.O : Nos produits sont très bien appréciés par les consommateurs. Au sein de l’entreprise, nous avons un agronome qui nous appuie, pour éviter les mélanges variétaux. En plus de cela, au niveau des producteurs, nous avons des partenaires techniques qui forment ceux-ci, pour une bonne pratique agricole. Les résultats auprès des consommateurs sont positifs
Libération : Avez-vous déjà reçu la visite des autorités, pour vous encourager dans la mise en pratique de la politique du « Consommons local » ?
M.O : L’année dernière, nous avons reçu la visite de l’initiative présidentielle. Dans la région des Hauts-Bassins, nous étions premiers, en terme de collecte de matières premières. Il faut dire qu’il y a un accompagnement des autorités, pour la production de riz. Nous travaillons beaucoup avec les directions régionales et provinciales de l’Agriculture. Leurs agents nous appuient beaucoup sur le terrain. Dès qu’un bas-fond est aménagé, l’agent technique qui est sur place nous facilite le travail. Nous avons une très bonne collaboration avec ces services.
Libération : L’Etat burkinabè importe du riz à coût de centaines de milliards. Quelles propositions faites-vous, pour arrêter cette perte d’argent ?
M.O : Effectivement, l’Etat dépense beaucoup d’argent pour l’importation du riz. Nous avons participé récemment à une rencontre, au cours de laquelle la FAO a ressorti le chiffre de 123 milliards de francs CFA que l’Etat débloque pour importer le riz. Ce sont des devises énormes. Avec la politique qu’on a au niveau du ministère de l’Agriculture, il y a un boum de la filière riz, dans le pays. Un travail est en train d’être fait, pour encourager la production locale de riz. Et je profite remercier le ministre de l’Agriculture et ses collaborateurs pour ce travail formidable.
Les difficultés que nous rencontrons, c’est au niveau de l’approvisionnement des matières premières. Par exemple cette année, nous avons un objectif de 4000 tonnes à acheter, mais, à l’heure actuelle, nous tournons entre 2600 et 2700 tonnes. Il y a un manque à gagner. Maintenant, si le ministère pouvait aménager assez de plaines, et les donner avec des cahiers de charges très respectés, aux entreprises. Nous, à NEBNOOMA, nous avons demandé 3000 h, dans le projet Samendeni. Si nous avions ces 3000 h, nous pouvions avoir une base solide en terme d’approvisionnement. Nous sommes en négociation avec le ministère de l’Agriculture, et il y a déjà un avis favorable, pour cela. Mais, il faut souligner l’insécurité qui impacte certaines zones de production de riz, comme le Sourou qui n’est pas accessible.
Libération : Vous avez bon espoir que le « Consommons burkinabè » sera une réalité ?
M.O Je reste optimiste que le « Consommons local » aura des lendemains meilleurs au Burkina Faso.
Libération : L’entreprise dispose-t-elle d’équipements nécessaires pour la transformation ?
M.O : Nous avons des équipements de pointe pour la transformation. Tout récemment, nous avons acquis un équipement qui enlève tous les corps étrangers dans le riz. Aussi, nous n’avons pas de problèmes d’emballage. La qualité du riz est meilleure.
Libération : Quel appel avez-vous à lancer à la population et aux autorités ?
M.O : Nous demandons à la population de consommer nos produits qui sont de bonne qualité. Ils ont 3 à 4 mois de durée.
A l’endroit des autorités, nous demandons d’accompagner les producteurs. Aucun pays ne peut se développer en mettant l’accent sur l’importation.
Tout récemment, nous avons effectué un voyage au Vietnam, et nous étions émerveillés par ce qu’ils font. Par an, ils produisent 30 millions de tonnes de riz, alors que la consommation locale est de 9 millions de tonnes. Le reste des 21 millions de tonnes sont vendues à d’autres pays, dont ceux de l’Afrique.
Nous demandons donc aux politiques de prendre à bras le corps, la question de la production locale en accompagnant les acteurs de la filière. Déjà, la vision y est.
Propos recueillis Hamed Zerbo
Ndiaye Djéneba, responsable commerciale de la société
« Nous avons deux variétés, à savoir, ORYLUX 6 et TS2 dont les coûts sont à la portée des consommateurs »
S’agissant de ORYLUX 6, nous avons des sacs de 5 kg et 25 kg pour l’entier et des sacs de 25 kg pour la brisure.
Pour la TS2 nous avons des conditionnements de 20, 25 et 50 kg pour l’entier et 25 kg pour la brisure.
Les coûts sont à la portée du consommateur. Les sacs de 5 kg de riz parfumé coûtent 3000 FCFA, au détail.
Le sac de 25 kg de la TS2 se vend à 12000 FCFA au prix détail.